Est-ce que toutes les valeurs se valent ?

[su_quote cite= »Marie-Christine Bernard, La liberté en actes, Desclée de Brouwer, 2012, p. 88″]Plus nous vivons dans un monde ouvert à la diversité culturelle, dans des sociétés hétérogènes, plus nous voyageons, plus nous apprenons à reconnaître qu’il existe de multiples façons d’être et de vivre, plus notre intelligence prend la mesure du caractère relatif de notre propre culture, sociale et personnelle. Cela nous oblige à avoir le sens du relatif. [/su_quote]

De bonnes questions…

Ce sens du relatif n’est pas pour autant synonyme de relativisme ! Prenons là encore un exemple : si je crois à la qualité de vie familiale et si je la considère comme une valeur essentielle, je ne peux pas dans le même temps nier qu’elle soit importante, ou estimer que c’est là une valeur dépassée, sous le seul prétexte que le milieu dans lequel je vis, je travaille, ne reconnaît pas cette même valeur comme essentielle ! Sans doute serai-je amené à adapter ce à quoi je crois au milieu culturel, social, professionnel dans lequel je vis : mais qui dit adapter ne dit pas relativiser au sens de renoncer ou de rejeter…

[su_heading size= »17″]Il est légitime que certaines valeurs soient à nos yeux de sujet personnel non négociables : elles sont ces valeurs à partir desquelles nous constituons notre propre échelle de valeurs. Elles sont surtout ces valeurs dans lesquelles nous reconnaissons quelque chose de la vérité de notre être, de la vérité de l’humain, quelque chose à quoi nous ne pourrions pas renoncer sans y perdre notre âme ou sans devenir inhumain ![/su_heading]

Ainsi, avoir le sens du relatif n’équivaut pas à mener sa vie comme si toutes les valeurs étaient égales, ni à juger comme obsolètes celles qui me semblent pointer vers un idéal par définition hors de portée, ni enfin à tenir pour rien toutes les valeurs parce que je fais l’expérience, en mon âme et conscience,  de leur hiérarchisation à géométrie variable eu égard aux circonstances !

De fait, quand nous regardons vers l’horizon, nous découvrons très vite qu’il est inatteignable, que nous avancions ou pas ! Cela étant dit, cette ligne d’horizon reste le moyen le plus sûr d’orienter notre marche. La route se fait en marchant, au prix de nécessaires détours, d’erreurs d’orientation, de chemins de traverse à emprunter. Mais, l’important n’est-ce pas le but à atteindre, l’objectif dont nous nous approchons au fur et à mesure que nous avançons ?

Ainsi, la diversité d’interprétations de ce qui est bien n’induit pas une relativisation des valeurs dont je suis porteur : elles sont ces balises valables et légitimes pour définir ce que je crois et reconnais comme bien ! Et lorsque d’autres partagent ces mêmes valeurs, émerge alors un certain style de vie sociale, un art de vivre qui se décline au plan familial, associatif, professionnel, sociétal… Dans tous les cas, l’exigence de pouvoir faire valoir son propre sens du bien dans la vie sociale définit la liberté de conscience, une liberté qui ne va pas sans la reconnaissance des différences sur le plan des valeurs, l’incontournable respect de la différence, et la nécessaire négociation pour permettre et favoriser un vivre ensemble !

[su_quote cite= » De la Lettre à Diognète (V,1-10) – Lettre écrite au IIe siècle ap. J.C.« ]

Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. Leur doctrine n’a pas été découverte par l’imagination ou par les rêveries d’esprits inquiets ; ils ne se font pas, comme tant d’autres, les champions d’une doctrine d’origine humaine. […]

En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde. L’âme habite dans le corps, et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde.

[/su_quote]

Questions

Comment les valeurs auxquelles je crois inspirent-elles ma manière de vivre ?

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